UN SAUVETAGE DE JUSTESSE

 

1843

 

L’an mil huit cent quarante-trois, le dix du mois de mai, à sept heures du matin, avons, Jacques DEPIERREUX, échevin de la commune de Xhoris, canton de Ferrières, arrondissement de Huy, province de Liège, remplaçant, par délégation, Monsieur le Bourgmestre absent sont comparus Arnol SULBOUT, journalier, domicilié dans la commune de My-Ville, province de Luxembourg; Jean Hubert LOUON et Michel Jospeh JASPAR, ouvriers mineurs, domiciliés en cette commune, co-sociétaires d'une exploitation de minerai de fer sur le terrain communal appartenant à cette commune, au lieu-dit "Pette-cou", territoire de la dite commune de Xhoris, lesquels nous ont déclaré :

Que le neuf du présent mois, à dix heures et demie du matin, étant au-dessus de la bure de la dite exploitation, pendant que Michel Joseph SAUVAGE, ouvrier mineur, domicilié en cette commune, aussi co-sociétaire de la dite exploitation, travaillait dans les galeries, nous étant aperçus que le gaz méphitique y régnait, Louis Joseph RAES et Libert COX, ouvriers mineurs, aussi co-sociétaires de la dite exploitation, domiciliés en cette commune, se trouvaient également au-dessus de la dite bure, qui a 50 mètres de profondeur.

Le dit COX est descendu dans les galeries, mais n'ayant pu y résister, il s'est fait remonter au-dessus de la bure où, étant, il ne pouvait plus parler. Néanmoins, le dit Louis Joseph RAES est aussi descendu et, après avoir débouché la première galerie communiquant avec la bure d'aérage, ne pouvant plus résister, il s'est fait remonter.

Les dits RAES et COX, considérant la situation dans laquelle devait se trouver le dit SAUVAGE, après avoir récupéré des forces qui, jointes à leur courage et valeur, sont descendus de nouveau dans les galeries, mais le dit COX n'a pu encore résister. RAES, cherchant partout SAUVAGE, et l'ayant entendu respirer dans une fosse où il était tombé, mais cette fosse ayant neuf mètres de profondeur et étant abandonnée depuis plus de six semaines, à cause du gaz méphitique qui y régnait, il ne pouvait l'en retirer seul. Il appelait du secours, lorsque Antoine Joseph RAES, Philippe Joseph RAES et Macaire RIXHON, ouvriers mineurs, domicilés en cette commune et co-sociétaires de la dite exploitation, sont parvenus au-dessus de la bure. Ils sont descendus Louis Joseph RAES, s'étant lié à une corde pour en lier SAUVAGE, s'est précipité dans la dite fosse, au péril de sa vie, ainsi que nous l'ont déclaré les trois derniers, qui les en ont retirés.

Le dit SAUVAGE, étant remonté au dessus de la bure, par les soins qu'on lui a prodigués, il a été ramené à la vie.

Il a comparu devant nous; il nous a déclaré ratifier le présent procès-verbal, pour ce qui est en son pouvoir et pour autant qu'il peut se souvenir du danger dans lequel il s'est trouvé et du péril auquel le dit Louis Joseph RAES s'est exposé pour lui sauver la vie.

Arnol SULBOUT, Jean Hubert LOUON, Michel Joseph JASPAR, Philippe Joseph RAES, Antoine Joseph RAES et Michel Joseph SAUVAGE ont signé avec nous. Macaire RIXHON a déclaré ne savoir signer.

De tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal, pour servir et valoir ce que de droit.

A Xhoris, les jours, mois et an susdits.


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