Xhoris : un peu d'histoire
On pourrait se demander jusqu'à quel point l'on ose pousser la localisation de cette étrange localité; sur le terrain, c'est une vaste agglomération coupée de propriétés clôturées, de jardins, de champs, de prés, de haies et de boqueteaux; sur les cartes et sur les plans du cadastre, il faut circonscrire un carré de deux kilomètres de côté, où se retrouvent les sections de Grange, Jehoge, Les Batys, Grand Baty, Rixhalle, Le Mont, outre le pâté de maisons qui entoure l'église du lieu, et auquel les documents du cadastre réservent le nom de Xhoris. Nulle localité, peut être, ne fait songer autant que celle-ci à un de ces domaines équipés par quelque puissant propriétaire de l'époque gallo-romaine, et sur l'étendue duquel une population d'esclaves, puis de serfs et de tenants, trouvait séjour agréable, subsistance assurée et défense efficace. Les époques ultérieures amenèrent le morcellement de la terre, en même temps que l'émancipation du paysan; le villicus continue d'occuper la mansion (Mont) de l'ancien maître; le Baty, bientôt agrandi (Grand Baty) représente le pâturage commun de cette communauté naissante; en l'endroit encore appelé Grange Continuent à trouver abri et sécurité les récoltes des tenants de ce mansus; Godinry et Rixhalle constituent des colonies ultérieures, hors de l'enceinte primitive, peut être, mais en tous cas aux points d'eau (ry entre comme préfixe dans l'un, comme suffixe dans l'autre). Xhoris est une acquisition très ancienne sur la forêt primitive; l'aspect du terroir est nettement condrusien et tranche sur le décor voisin des bois de Saint-Roch et des crêtes austères que l'oeil découvre en direction de Harzé. On a découvert il y a plus de 60 ans un cimetière franc; preuve nouvelle que le domaine gallo-romain, origine probable de la localité, fut occupé par des immigrés lors de la décadence et de l'effacement de l'empire. Ce cimetière occupait un emplacement situé en contre-bas du village actuel, au N-E de l'église (vers l'école), en un point appelé Paradis, comme c'est souvent le cas pour les lieux d'inhumation. Des passages et des logements de troupes ravagèrent souvent cette localité notamment au cours de guerres du XVIIe siècles. Les terres du plateau de Xhoris, comme celles de la région condrusienne, conviennent particulièrement à la culture des céréales; aussi ne seront-nous pas surpris d'apprendre que le chapitre de Stavelot s'y était ménagé une cense de quatre vingt bonniers et qu'un dixième seulement de la surface cultivée était tenue en prairies. L'industrie y occupait peu de bras : quelques fours à chaux, des minères en lieu dit "Aux aguesses". Ce texte, ainsi que les commentaires sur les chapelles est extrait de : THIRY, Louis.
- Histoire de l'ancienne seigneurie et commune d'Aywaille et de
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