Né
à Petit-Lanaye, le 1er janvier 1880 (son acte de naissance) Marcel Lagasse fut le
neuvième enfant d'une famille qui en compta dix (trois d'entre
eux étant morts en bas âge). Le père, Joseph,
exerçait le métier de receveur à l'écluse
de Petit-Lanaye, près de Visé, le long du canal Liège-Maestricht.
La
grand-mère gérait une petite entreprise fluviale employant
quelques ouvriers et disposant de trois péniches qui transportaient
principalement du charbon.
A
deux reprises, la famille fut lourdement éprouvée
; un soir, Antoinette âgée de quinze ans tomba accidentellement
dans l'écluse. Ce maudit canal fut encore une fois meurtrier
quand son frère Léon fut coincé entre un bateau
et la berge.
Un
troisième accident fut évité de justesse :
sa soeur aînée, Damienne, fut retirée de l'eau
par le père, Joseph, qui pourtant ne savait pas nager.
Un
autre frère, Arthur, sera curé à Robermont
pendant près de quarante ans (de 1924 à 1963).
Quant
au frère Joseph, peintre également, il jouera un rôle
prépondérant dans la vie de Marcel Lagasse.
Après
des études de gravure, Joseph suivra les cours de peinture
à l'Académie des Beaux-Arts de Liège. Pendant
trois ans, le temps de son service militaire, il suivra un cours
de peinture à Bruxelles.
Sa
production mérite d'être soulignée tant par
sa quantité que sa qualité.
Par
contre, peu de renseignements sont disponibles sur les études
faites par Marcel si ce n'est qu'on le retrouve comme élève
de la classe de peinture au chevalet en 1906-1907 aux Beaux-Arts.
Ce
qui est certain, c'est que Marcel et Joseph ont suivi, ensemble,
les cours du soir à l'Académie.
On
peut souligner aussi que, selon son frère, Marcel était
très fort en dessin.
Après
avoir vécu à Visé, Devant-le-Pont, face à
l'église, Joseph et Marcel occuperont la cure de Robermont.
A
cette époque, ils auront un atelier commun situé Place
Saint-Pholien, n°8, juste en face de la fontaine. A noter, en
passant que cette fontaine servait à abreuver les chevaux.
"Quel désagrément devant une vitrine d'exposition"
disait Marcel.
Fleurs
(lilas, pivoines, roses...) paysages (Ardenne, Campine), natures
mortes, portraits étaient exécutés avec un
même talent.
Au
début de leur compagnonnage, ils se sont fait un peu d'argent
en réalisant des décors de théâtre à
Liège, des choeurs (Eglise Saint-Martin à Xhoris,
Visé...). cf. le livre de Mr. Debouxtait
Souvent,
on faisait appel aux frères Lagasse pour exécuter,
lors de la restauration de fresques, le travail délicat des
visages, tandis que les autres parties - plus simples - étaient
réalisées par des ouvriers.
Joseph
et Marcel Lagasse seront connus non seulement des Liégeois
mais aussi à l'étranger.
L'année
1932 est un tournant dans la vie de Marcel : sa santé lui
donne des soucis. Il a besoin d'air pur et de calme pour recouvrer
un meilleur appétit. Il quitte la ville pour aller s'installer
à la campagne, au Petit Séminaire de Saint-Roch à
Ferrières.
Il
a peint de nombreuses fois ce séminaire ainsi que d'autres
coins de la région. Ses tableaux sont vendus principalement
à des professeurs de Saint-Roch. On lui proposera même
des cours au Petit Séminaire mais, avide de liberté,
ne supportant pas les horaires rigides et les autres obligations
inhérentes à l'enseignement, il refusera.
Ce
qui l'intéresse, c'est de peindre, selon son inspiration
et sa fantaisie, à n'importe quel moment de la journée
soit tôt le matin, ou au coucher du soleil.
Au
fait, pourquoi s'est-il dirigé vers Saint-Roch ?
Quand
il était jeune, il partait en vacances à Harre.
Sa nièce se souvient qu'il allait cueillir des airelles
dans les bois. De plus, des membres de sa famille (Gathy-Walhen)
vivaient
à cette époque au château de Ferot.
Au
Petit Séminaire, il était considéré
comme un hôte de marque. Il prenait régulièrement
son repas de midi à l'établissement. Le chef de table
disait souvent : "Vous servez Monsieur Lagasse le premier,
ce qu'il veut et autant qu'il en veut".
Le
plus souvent une peinture d'une petite dimension était offerte
en échange des produits reçus de la ferme. Les plus
grands formats étaient cédés à l'occasion
d'une fête importante comme une communion, un mariage.
Marcel
était seul. Il se contentait de peu de choses. Un repas classique
était une bonne soupe au lait, faite avec quelques biscottes
et quelques morceaux de sucre. Ce qui ne l'empêchait pas d'accepter
un repas copieux de temps en temps. Lorsqu'il cuisinait, il veillait
toujours à ce que les plats ne soient pas trop gras. Pour
lutter contre l'excès de tension artérielle, il avait
toujours une gousse d'ail en réserve, il lui arrivait même
parfois de mettre des fleurs de capucine dans sa salade.
Faut
il souligner que, pendant de longues années, il a sillonné
les Ardennes à vélo ! De plus, il aimait la pêche,
notamment à la truite, dans les rivières. Ces aventures
lui valurent pas mal d'anecdotes, parfois burlesques, à raconter.
En raison des importantes transformations de 1939 au Petit Séminaire,
Marcel Lagasse quitte Saint-Roch pour aller s'installer à
Rouge-Minière chez Petitpas puis chez Malmendier. De là,
il déménagera pour aller habiter Route de Saint-Roch
puis rue des Petits Battys à Xhoris.
A
cette époque, le " Vieux Lagasse ", (comme on l'appelait
quand il habitait Xhoris), allait souvent passer la soirée
chez Elvire Coulon, l'épouse de René, le fontainier.
Ensuite,
il est allé habiter route de Hamoir, chez Régine Lamer.
Régine raconte qu'elle lui confiait parfois la garde de ses
filles pour la soirée. " Je les mettais au lit, puis
je m'en allais. Dès que j'étais sortie de chez moi,
elles descendaient dans la cuisine. Monsieur Lagasse leur racontait
de belles histoires. C'est longtemps après que j'ai compris
pourquoi mes filles aimaient tant être gardées par
Monsieur Lagasse ".
Cliquer
sur la photo pour la voir
Marcel Lagasse et mes
deux soeurs Micheline et Gisèle près de la chapelle
des Lognards
|
Il
a habité ensuite au coin de la rue Malchenal et de la rue
Jehoge.
Après
le décès de son frère Arthur, curé à
Robermont, il va habiter chez sa nièce, Mariette Lagasse.
De là il reprendra la direction de Ferrières et va
s'installer chez Freddy Kersten puis dans la maison Counasse sur
la place.
Mais
l'âge avance. Il approche de nonante ans. C'est alors qu'il
quitte définitivement la campagne pour retourner en ville.
Et il choisit de s'installer, 32, rue Fond du Moulin à Tilff.
Il
passe bientôt les nonante ans. Il peint de moins en moins.
Un de ses derniers tableaux : un portrait (inachevé) d'une
jeune fille : Micheline le Docte qui prend plaisir à lui
rendre visite régulièrement.
Il
sent que son voyage touche à sa fin. Il est attiré
par la ville.
Célina
Kerkhoff, sa nièce l'accueille chez elle.
Il
terminera ses jours au Valdor, il refuse toute nourriture.
Quelques
jours plus tard, Marcel Lagasse s'éteint le 13 février
1974 à l'âge de 93 ans.
Ce
texte est extrait de Marcel Lagasse par Freddy Bosmans dans
la collection : "Au rythme de Ferrières".
Je me suis permise de le reprendre presque intégralement.
Si quelqu'un a une objection, je le retirerai ou j'en retirerai
certaines parties.
J'ai moi-même très bien connu Marcel Lagasse
quand il habitait dans le bas de la rue Jehoge, juste au
coin de la rue Malchenal. Et c'est pourquoi je voulais rendre
hommage à ce "grand Monsieur". J'y allais
parfois avec ma grand-mère et je me souviens des
chevalets et des peintures qui jonchaient le sol. Il venait
parfois aussi rendre visite à ma grand-mère
et j'ai une image précise de lui avec son petit béret
et sa canne toute fine et vernie... Ce qui m'étonnait
toujours c'était sa façon de parler le français
avec correction et mots choisis. Il adorait me raconter
des histoires et je lui demandais toujours la même...
je l'ai malheureusement oubliée, mais je ne me souviens
que d'une chose : comme j'aurais aimé mangé
cette biscotte bien cachée dans une boule de foin.
J'en avais l'eau à la bouche. Merci Monsieur Lagasse
de m'avoir donné du rêve dans ma vie de petite
fille.
Francine
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Poème
sur la chapelle de Fanson
Poème
sur la chapelle des Lognards
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